Nous arrivons enfin à finaliser nos objectifs : construire notre premier puits dans la région de Tuléar. Nous avons choisi Tuléar comme destination à cause de son climat aride et parce qu’une grande partie des associations à Madagascar sont sur la capitale.
Nous avons contacté Monsieur Bernard Viaud de la société Seriah sur la recommandation de la société Eau de Coco. Monsieur Viaud est spécialisé dans la construction avec une grande expérience comme puisatier. Nous avons reçu un devis pour la construction de ce puits qui correspond à notre budget. Coût : 2 964 €.
Il reçoit régulièrement des demandes d’associations, d’écoles ou de villages pour la construction de puits et nous a mis en relation avec une école de 650 enfants basée à Tuléar, dirigée par les sœurs Sainte Ursule.
Nous allons nous rendre à Tuléar le 1er avril 2013 et allons rencontrer les sœurs qui vont nous présenter l’école et leurs besoins. Un puits existe donc nous savons qu’une nappe phréatique est accessible (environ 13 mètres) mais le puits ne fonctionne plus. Nous allons donc construire un nouveau puits sur ce site. Ces travaux devront durer 3 semaines. Voici les coordonnées des soeurs si vous souhaitez visiter notre projet :
Soeurs Ursulines Maison Sainte Angèle BP501601 Tuléar Betsinjaka Madagascar Emplacement GPS : 23°22’04.7″S 43°42’40.1″E
Nous allons aider M. Viaud et son équipe durant ce projet pour apprendre les techniques nécessaires à la construction d’un puits. Durant ce laps de temps nous allons rencontrer d’autres associations, écoles et villageois pour continuer à construire d’autres puits. Suite à notre retour, voici les étapes du projet par le biais d’une vidéo récapitulative : https://www.youtube.com/embed/0bjh0rGMNBw?rel=0&wmode=opaque
Jour 1 : Nous côtoyons Européens et Malgaches sur ce vol en direction de Madagascar. On s’imagine déjà là-bas mais le maître-mot en Afrique est la patience.
Jour 2 : Toujours dans l’avion. Les paysages vus du ciel sont magnifiques : nous sommes bien à Madagascar. Bernard, notre contact sur place, vient gentiment nous chercher dans le minuscule aéroport de Tuléar. Premier contact avec la ville et ses habitants : il faut y aller pour comprendre et voir cette misère… si souriante. Cela nous motive davantage à réaliser notre projet.
Jour 3 : Nous rencontrons les sœurs pour qu’elles nous expliquent en détail leurs besoins. On adhère et commence dans la journée à poser la première pierre (buse et trousse coupante) de notre puits. Je creuse et l’émotion est déjà là après 3 ans d’attente pour réaliser ce projet. Magnifique.
Jour 4 : Debout à 7 heures. On commence tôt à cause de la chaleur. On apporte le ciment pour sceller la première dalle avec la trousse coupante. On commence à creuser pour faire glisser la première buse. Le sol est relativement dur. Il faut utiliser la barre à mine pour creuser. Le rythme est plus lent que prévu à cause du revêtement du sol : un sable très dur. Je laisse l’équipe pour rejoindre une classe verte des sœurs Sainte Ursule pour visiter Mangily.
Jour 5 : Je reviens à Tuléar pour continuer la construction du puits. Après 1 heure de 4×4 avec un couple de Français revenant à Tuléar, j’arrive rapidement à destination. Le puits avance doucement. Seulement 3 buses sont posées. Le sol est dur, un sable très compact. Je sors les sacs de sable puis je descends à 3 m de profondeur pour creuser. C’est un travail manuel sous une température torride. J’ai appris un nouveau mot : mafana – chaud. J’ai aussi attrapé des ampoules aux mains.
Jour 6 : Je reste à Mangily pour me reposer. J’ai appelé Bernard pour avoir des nouvelles : une buse et demie ont été placées. Le sol est toujours dur.Jour 7 : Je reviens à Tuléar Le puits n’avance pas. Le vieux puisatier était fatigué. Ils recommenceront ce lundi. Comme on dit à Madagascar : « mora mora » : tout doux tout doux.
Jour 8 : Dimanche. Journée sacrée à Madagascar ; on ne travaille pas alors on en profite pour faire un petit séjour dans le parc national d’Isalo, à 250 km de Tuléar.
Jour 9 : J’appelle Bernard pour avoir des nouvelles, qui ne sont pas bonnes. Le travail avance doucement : la structure du sol est différente par endroits et cela pose des problèmes de niveau. Les buses doivent être réajustées avant de continuer et l’équipe est fatiguée. Il va falloir changer d’équipe. Il ne nous reste que 11 jours. Je commence à douter.
Jour 10 : J’appelle Bernard car nous sommes toujours à Isalo : les buses sont à nouveau alignées, il a installé une machine permettant de remonter le remblai plus facilement.On devrait être capables de poser 2 buses par jour, malheureusement nous sommes toujours à 5 buses posées en 9 jours. Il reste encore au minimum 8 buses à poser. Demain nous retournons à Tuléar.
Jour 11 : Nous rentrons à Tuléar en taxi brousse. Nous rencontrons Bernard qui nous rassure sur l’avancement du puits. Nous visitons le site. Seulement 6 buses sont posées, la petite grue est installée pour extraire plus facilement le sable, qui n’est plus aussi compact. Cela devrait aller vite. Nous rencontrons les sœurs qui nous invitent ce vendredi à manger avec elles. Nous acceptons avec plaisir.
Jour 12 : Nous sommes allés au puits pour suivre l’avancement. Ils travaillent dur sous cette chaleur. J’ai donné un petit coup de main avec la grue pour remonter le sable. Mais nous sommes à 7 buses. Normalement nous devrions faire 2 buses par jour. Espérons que l’eau sera bientôt atteinte car c’est la partie la plus longue et la plus difficile.
Jour 13 : Une grande journée remplie d’émotions. Le matin nous avons acheté un sac de 50 kg de riz pour les sœurs. Nous sommes allés au puits et nous avons offert le sac de riz qui sera suffisant pour 1 journée pour les 450 écoliers. Les sœurs Sainte Ursule étaient heureuses. Puis elles nous ont conviés à une cérémonie de remerciement avec les 600 enfants dans la cour d’école. Nous avons reçu des témoignages de remerciement, des cadeaux et des applaudissements. Un moment unique chargé d’émotions. Puis les sœurs nous ont préparé un repas exceptionnel. Je pense que cela devait représenter un énorme sacrifice de nous offrir toute cette nourriture. De plus nous avons eu droit à de la glace comme dessert, une chose si rare à Madagascar. Concernant le puits, aucune buse n’a été posée car il fallait encore décaisser les buses qui n’étaient pas alignées. Jour 14 : Bonne nouvelle, nous avons trouvé de l’eau ce matin. C’est enfin le rêve qui commence à se réaliser. L’eau est moins profonde que l’estimation de Bernard. Nous devrions finir de poser les dernières buses demain. Nous commençons à envisager l’installation de la pompe, du tubage, le scellage de la dalle et l’installation du trop-plein. J’ai récupéré un vieux vélo pour effectuer les trajets entre l’hôtel et le puits. J’ai mal aux fesses car j’ai dû trop maigrir ou parce que la selle est trop vieille. Bernard m’a donné la notice de la pompe à eau. Je vais jeter un œil ce soir.
Jour 15 : C’est dimanche aujourd’hui mais contrairement à la semaine passée nous avons beaucoup travaillé, de 7 h à 17 h. J’ai un peu mauvaise conscience car les ouvriers et Bernard ont fourni beaucoup d’efforts durant cette journée. Mais la sœur Julianne a demandé l’autorisation et il semble que nous puissions quelquefois faire entorse aux règles du Seigneur. Nous avons posé 9 buses et il semble que cela soit suffisant. Nous avons dû utiliser le marteau-piqueur pour finir le dernier mètre. J’ai creusé dans le puits. C’était impressionnant de creuser à 9 mètres de profondeur avec de l’eau jusqu’au cou. Nous avons aussi assemblé une partie de la pompe et posé une dalle sur la dernière buse. Nous avons contacté un artisan pour fabriquer un panneau que nous poserons près du puits pour remercier les gens. On avance bien, c’est encouragent malgré la fatigue.
Jour 16 : Dès mon réveil, je vais au marché acheter 660 cannes à sucre pour demain, jourde l’inauguration. Il paraît que les enfants adorent ça. Je pars au puits pour étaler le remblai. L’eau a environ 1,20 m de profondeur. C’est suffisant pour extraire l’eau. Nous ramenons la pompe et les tuyaux, que nous installons. Une opération délicate mais le grand moment arrive. J’actionne le levier et l’eau sort miraculeusement du sol. L’émotion est là. C’est super. J’appelle les sœurs, elles sont aux anges…
Jour 17 : Je récupère les cannes à sucre et la pancarte pour l’inauguration. J’ai eu le privilège d’assister à l’inauguration du puits avec les 600 élèves. J’ai l’impression de recevoir davantage que ce que nous avons apporté. C’est un moment que je souhaite graver à jamais dans ma mémoire. Les sœurs ont même emballé le puits et la pancarte avant l’inauguration.
J’ai visité un village souhaitant un puits. C’est un centre pour handicapés mentaux. C’est dur. Les malades sont enchaînés au mur à cause de leur état de santé. Impensable en Europe.Ma mission est terminée, je rentre en Suisse. Merci à vous tous de votre aide. Voici la lettre reçue des soeurs Sainte Ursule le 4 mai 2013 pour nous remercier (cliquer sur la lettre pour agrandir) :
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